Soutenance de thèse
Soutenance de thèse - David MURU

Soutenance de thèse - David MURU

21 mars 2019

Visioconférence par ZOOM

David MURU : "Solution miracle ou coup dans l’eau ? Potentiel et limites de l’utilisation des programmes de lutte biologique en écologie expérimentale"

Résumé :

La lutte biologique (ou biocontrôle) est l’utilisation d’organismes vivants pour lutter contre les populations de ravageurs des cultures en réduisant leur densité et les dommages qu’ils causent. L’auxiliaire de lutte biologique peut interagir, directement ou indirectement avec d’autres organismes en plus du ravageur ciblé et inversement. Le suivi de ses populations, en plus du suivi d’autres variables écologiques, pourrait donc permettre de confirmer ou réfuter des théories écologiques ou découvrir de nouvelles interactions avec les facettes biotiques et abiotiques de l’écosystème. De plus, les aspects méthodologiques de la phase de suivi postlâcher  et ceux de l’expérimentation en écologie partagent de fortes ressemblances. Dans ce travail, j’explore comment ces deux disciplines peuvent être conciliées et comment les données qui découlent de la lutte biologique peuvent être optimisées pour leur utilisation en écologie. J’utilise des données issues de programmes de lutte biologique pour traiter des questions en relation avec les dynamiques d’invasion, l’écologie des communautés et l’écologie du paysage. Dans le premier chapitre, je détaille les cas d’études utilisés : (i) l’introduction du parasitoïde Torymus sinensis contre la guêpe galligène Dryocosmus kuriphilus ; (ii) l’introduction de l’ectoparasitoïde Mastrus ridens contre le carpocapse de la pomme Cydia pomonella ; (iii) un inventaire des Trichogramma de France ayant pour objectif de caractériser les zones écologiques de chaque espèce ; (iv) la description des parasitoïdes oophages associés à Iphiclides podalirius à fine échelle temporelle. Le chapitre 2 est centré sur l’étude de la dispersion de T. sinensis à l’échelle de plusieurs zones productrices de châtaignes. Dans ce chapitre, j’utilise des données de suivi sur les sites de lâcher pour en faire un modèle de croissance des populations de T. sinensis et ainsi inférer les dates de colonisations de sites naturellement colonisés. Dans le chapitre 3, je recherche les impacts du succès du contrôle biologique de D. kuriphilus par T. sinensis sur la structure de la communauté de parasitoïdes natifs, récemment associée au ravageur. Le chapitre 4 est dédié aux cas d’études où la valorisation scientifique varie d’un échec complet (primo-introductions de M. ridens), la diffusion de connaissances naturalistes (suivi d’I. podalirius et des parasitoïdes oophagesassociés) en passant par l’identification de motifs écologiques à l’aide d’outils statistiques spécifiques (suivi des espèces de Trichogrammes à échelle nationale). Enfin, en compilant les connaissances disponibles dans la littérature et mon expérience sur le terrain, je discute ensuite du potentiel et des limites de l’utilisation de la lutte biologique en tant qu’expérimentation en écologie. Je conclue que bien que la lutte biologique fournisse un contexte écologique à l’expérimentation en permettant la manipulation de plusieurs facteurs, le contexte et les organismes impliqués ne peuvent pas être adaptés à n’importe quelle problématique écologique. Par exemple, le parallèle évident entre la biologie de l’invasion et la lutte biologique fait de ce dernier un fort atout pour étudier les procédés qui régissent le succès des invasions. Cependant, les facteurs comme les faibles seuils de détectabilité d’un auxiliaire de lutte biologique à faible densité (couplé à la sensibilité des méthodes de suivis) peuvent faire de l’étude des dynamiques et interactions lors des stades précoces de l’invasion, une entreprise périlleuse.

Thierry Hance : President du jury et rapporteurHélène Delatte : rapportriceLise Roy : examinatriceElodie Vercken : directrice de thèseNicolas Ris : co-directeur de thèse

Contact: changeMe@inrae.fr