Séminaire scientifique
Impact des bioinsecticides Bacillus thuringiensis sur le développement de pathologies de l’intestin

Impact des bioinsecticides Bacillus thuringiensis sur le développement de pathologies de l’intestin

31 décembre 2017

Sophia Antipolis - Inra PACA - Salle A010

Aurelia Joly , doctorante de l'équipe BES, nous présentera ses travaux.

Abstract

Face aux incitations à réduire l’utilisation de pesticides chimiques, celle des bioinsecticides est en plein essor. Parmi les bioinsecticides figurent des produits constitués de spores de la bactérie sporulante opportuniste Bacillus thuringiensis (Bt). Ces produits représentent 70% des ventes de bioinsecticides et sont de plus en plus utilisés pour lutter notamment contre les lépidoptères qui ravagent les cultures (tomates, choux, maïs, poireaux etc…). Dispersées sur les cultures, ces spores de Bt sont ingérées par les larves de lépidoptères et entrainent leur mort en moins de deux jours. La spore ingérée a la propriété d’être inerte et progresse dans le tractus intestinal sans être reconnue par le système immunitaire. Une fois atteint la partie la plus postérieure de l’intestin moyen, la spore trouve les conditions favorables à sa germination et libère les toxines de la famille Cry. Celles-ci créent des pores, entrainant la lyse des cellules et la formation de trou dans l’épithélium intestinal. Bien que des études aient montré l’absence de toxicité aigüe des spores de Bt chez des organismes non-cibles, les effets potentiels d’une ingestion chronique ne sont pas connus. La présence de bactéries végétatives entraine la mise en place d’un contexte inflammatoire bénéfique qui permet d’éliminer les pathogènes et de retourner à l’homéostasie de l’intestin. Dans certains cas, un contexte inflammatoire chronique se met en place et aboutit au développement de pathologies telles que la maladie de Cröhn, la rectocolite hémorragique, les dysplasies de l’intestin et même des cancers. L’utilisation croissante et majoritaire des produits Bt mène à se demander si la présence répétée de Bt dans l’intestin postérieur après germination pourrait mettre en place un tel contexte inflammatoire persistant prédisposant à ce type de physiopathologies. Mon projet de thèse est de tester ce risque en utilisant comme modèle la drosophile qui a l’avantage d’être un organisme non cible.  Nous étudions les effets chroniques de l’ingestion de spores de Bt (produit commercial) sur des drosophiles adultes saines, mais également sur des drosophiles sensibilisées présentant déjà un contexte pro-inflammatoire. La physiologie de l’intestin et les processus moléculaires et cellulaires étant conservés, notre projet devrait conduire à une évaluation objective des risques d'ingestion d'aliments biologiques traités avec des bioinsecticides Bt par des organismes non-cibles, qu’ils soient des insectes ou des mammifères (dont l’Homme).

Contact: changeMe@inrae.fr