Diversité des nématodes asexués et anhydrobiotiques dans les environnements extrêmes

Certains de ses travaux ont récemment eu un important retentissement, avec notamment des nématodes sortis de leur 'sommeil' après 46 000 ans dans le permafrost Sibérien:

https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/deux-vers-nematodes-sortent-de-46-000-ans-de-sommeil_173277

https://www.scientificamerican.com/article/46-000-year-old-worm-possibly-revived-from-siberian-permafrost/

https://journals.plos.org/plosgenetics/article?id=10.1371/journal.pgen.1010798

Résumé :

Les déserts comptent parmi les environnements les plus hostiles à la vie sur terre. Pourtant, certains animaux se sont adaptés pour survivre et se diversifier dans ces environnements extrêmes où l'eau est limitée. Parmi les stratégies évolutives utilisées à cet effet, citons la parthénogenèse, qui permet à la progéniture d'un seul individu d'explorer des opportunités écologiques transitoires, et la cryptobiose, qui permet aux organismes d'attendre que les conditions abiotiques deviennent favorables. Grâce à des essais génomiques sur la biodiversité et aux méthodes de séquençage les plus récentes, il est désormais possible d'étudier les génomes d'invertébrés minuscules uniques, ainsi que les structures des populations dans de nombreux échantillons provenant d'environnements extrêmes, afin de comprendre les stratégies d'évolution des différentes espèces.
Je présenterai ici nos analyses génomiques, génétiques des populations et écologiques fonctionnelles de l'évolution liée de ces caractéristiques chez les nématodes de l'Atacama hyper aride par rapport au désert du Namib, plus jeune et plus dynamique. Nous trouvons des assemblages d'espèces localement diversifiés. Conformément à la théorie de l'évolution, ces assemblages sont dominés par des espèces sexuées, mais l'hétérozygotie due à la polyploïdie semble conférer un avantage adaptatif aux parthénogènes. Nous observons que les espèces utilisent l'anhydrobiose, un mode de cryptobiose, de différentes manières, pour revivre rapidement ou plus lentement en fonction de la disponibilité de l'eau. Nous avons également assemblé récemment le génome d'une Panagrolaimus parthénogénétique triploïde réanimée dans un autre environnement extrême, le pergélisol russe. En l'analysant génétiquement et biochimiquement par rapport à C. elegans, nous avons trouvé des ressemblances dans les mécanismes génétiques que la larve dauer de l'organisme modèle et ce nématode utilisent pour une dormance prolongée. En utilisant le système CRISPR/Cas, nous sommes maintenant en mesure d'étudier la cryptobiose chez Panagrolaimus, ce qui nous permet de comprendre ce trait au niveau génétique en comparant des espèces provenant de différents environnements extrêmes.

La conférence pourra également être suivie sur Zoom au lien ci-dessous:

https://inrae-fr.zoom.us/j/5785660130